Le juke-box de la Grenette


Cet appareil fut imaginé pour résoudre un dilemme récurrent chez beaucoup de clients qui entrent dans ce bistrot: « Rentrerais-je ce soir avec quelqu’un, ou vais-je encore me prendre une mine. »


Pour cela, il suffit juste de glisser une pièce de deux francs dans la fente. Une bille monte, tombe sur un pendule en hésitant, puis chute dans un labyrinthe.
En arrivant au fond, trois choix possibles s’offrent, selon qu’elle tombe à droite, au centre ou à gauche.

A droite? L’appareil délivre généreusement un cachet d’Alka Selzer.
Au centre?   …Rien, sinon que la radio du bistrot s’éteint lentement, le jukebox s’allume durant 15 minutes avec des milliers de morceaux à choisir sur un disque dur, Youtube ou sa propre clé usb, puis la radio revient de nouveau.
A gauche? Vous recevez un préservatif. (dimensions: moyenne européenne. Désolé.)

Autres détails:
– Chaque heure qui passe est marquée par les tintements discrets de disques durs qui s’entrechoquent.
– Deux endroits sont prévus pour accueillir les Alkas Selzer ou capotes dont on pourrait ne pas avoir besoin. Ils sont marqués « Capotes en attente » ou « Alkas en attente ». N’importe qui peut s’en servir, en somme un peu comme les « cafés en attente » .

Maintenant, place à quelques considérations triviales. Cette pièce est née libre de toute mode, courant esthétique, désir d’un client ou besoin de plaire. Elle est née, mais ne pourra jamais vivre (Patrick Hernandez a tort, on ne le dira jamais assez) à cause de quelques sombres détails juridiques:

– Loi fédérale sur les maisons de jeux (LMJ 935.52 art.4, nécessité d’une concession)
– Expertise et qualification des machines de hasard (CFMJ 712-004, nécessité d’une expertise et qualification)
– Loi fédérale sur les médicaments (LPTh 812.21 art.30, nécessité d’une autorisation)
– PLCoC 930.01.1 art.64, (nécessité d’une patente)


Et probablement bien d’autres, mais je crois bien que la barque est pleine…

Ceux qui préfèrent le côté technique iront ici